Le châtaignier

Castanea sativa

 

Générosité, grâce, persévérance, prévoyance, lumière, vitalité et robustesse.

 

Le châtaignier commence sa générosité dès cette liste de qualités. Aucun autre arbre ne peut se targuer d’incarner autant de qualificatifs !

De la famille des fagacées, le châtaignier nous offre tant ! Sa générosité se traduit évidemment d’abord par ses châtaignes, si abondantes à leurs pieds en ce moment, et dont on peut se régaler – et se nourrir – de tant de manières différentes : en purée, en confiture, en farine, grillées, confites, sautées, poêlées, etc…

La générosité s’exprime aussi par son ombrage, son bois, ses fleurs et ses feuilles.

L’ensemble de ces ressources a permis à de nombreuses communautés humaines de s’en sortir dans les temps de disette, ce qui lui a valu le surnom d’ “arbre à pain”.

Son ombrage est apaisant, large, sécurisant. Ses formes nous sont souvent familières, surtout au fur et à mesure qu’il vieillit où il peut prendre l’allure de vieux grands pères protecteurs. Son port n’est pas noble comme le chêne, ses branches forment souvent un fouillis complexe voire chaotique. Ses troncs sont tordus, travaillés, très individualisés. Ces personnalités nous les rendent souvent plus accessibles, plus ressemblants. Il est plus facile de s’identifier à eux pour bon nombre d’entre nous. De plus leur vitalité a de quoi nous fasciner. Après des siècles à se prendre la foudre, des tempêtes qui cassent leurs branches, des insectes qui vident leur tronc par l’intérieur, ils continuent à former des rejets qui poussent à vive allure. C’est d’ailleurs pour cela que de nombreuses parcelles de châtaigniers sont cultivées uniquement pour faire, quel gâchis, du bois de chauffage, avec des coupes claires tous les 20 ans, et des rejets qui repoussent à partir des souches et de leur système racinaire extrêmement développé et robuste. On appelle cela des cépées.

Son bois pousse effectivement plus vite et plus vigoureusement encore que le bois de chêne, et tout en étant plus facile à travailler, il reste plus dur et plus souple, ce qui lui permet de supporter de très grandes forces sans casser. De plus, son bois est naturellement résistant aux moisissures, pourrissement et autres dépérissements, ce qui en fait un excellent bois pour les constructions en extérieur, comme le robinier.

La fleur de châtaignier, subtile et peu comestible pour les humains, est le dernier élixir du Docteur Bach, celui qui faisait les fleurs éponymes, et non pas des fugues, des suites et des sonates. Il est destiné à transformer les vagues à l’âme profonds (“la nuit noire de l’âme”), en capacité à s’abandonner totalement pour trouver la grâce, la lumière et l’espoir qui sont derrière cet état de profonde désespérance et qui sont sans doute en lien avec cette vitalité du châtaignier.Est-ce pour cette raison qu’en Galice, il est encore d’usage de mettre des châtaignes dans les cercueils pour accompagner les morts dans leur voyage ?

Plus matériellement, la fleur permet aux abeilles de nous offrir un miel au goût marqué que certains (pas tous) trouvent délicieux.

Les feuilles ont des tanins (riches en vitamines C, B1 et B2 et en pectine) qui pourraient aider à guérir de la coqueluche, comme le faisaient les Mohicans. Elles ont par ailleurs des propriétés astringentes et antispasmodiques, ce qui permet de lutter contre les diarrhées, de calmer la toux et de soigner les bronchites.

Et ce n’est pas tout. Il sert aussi pour la teinture de la soie par ses copeaux, pour isoler les bâtiments, pour fabriquer des tonneaux.

Le châtaignier est pour nous ce que le renne était pour nos ancêtres du paléolithique : tout est utilisable en lui. C’est un immense cadeau de la nature.

Ce qui ne l’empêche pas d’être plus beau sur pied qu’en piquets, comme tous les arbres. Or, du fait de l’exode rural, l’abandon progressif des châtaigneraies dans les terroirs où elles poussaient autrefois est une perte considérable, tant culturelle qu’agriculturelle ou naturelle (biodiversité), alors que cette espèce a été domestiquée il y a 7000 ans ! Des mouvements comme SlowFood, de retour à une gastronomie de terroir, de qualité, simple et gourmette, peut sauver nos châtaigneraies, tandis que les projets de mégacentrales à biomasse comme a pu l’être Gardanne (projet pour l’heure heureusement stoppé) sont la mort annoncée de ces forêts parfois millénaires.

Cette allée de spécimens est emblématique. Derrière cette rusticité et cette simplicité, surgit naturellement une forme de noblesse. Photographie réalisée en mai 2018 à Dartington Hall dans le Devon pendant la formation de Forest Therapy guide. Ils étaient tous twistés (vrillés) à droite, comme les vis.

Exercice pratique :

Et pour expérimenter la générosité en lien avec la nature, cet exercice audio vous guidera.

 

Sources :

L’énergie des arbres – Plantes et Santé, hors série 2017

Histoires d’Arbres, des sciences aux contes – Philippe Domont, Edith Montelle

Calendrier Celtique – Michaël Vescoli

 

 

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