Le mélèze

Larix decidua Miller

 

Adaptation, élévation, singularité

 

 

1) L’arbre de l’adaptation

Cette espèce pionnière (en montagne) incarne merveilleusement bien une attitude adaptative. Le mélèze parvient à coloniser des couloirs balayés chaque hiver par des avalanches puissantes car il pousse rapidement dans ses premières années. Il est souple (essayez de casser une branche de mélèze, même mort !), et il a beau être un résineux, il a trouvé le moyen de s’adapter aux rigueurs de l’hiver en se séparant de ses aiguilles chaque année, quitte à les refabriquer au printemps. Ce qui, en passant, traduit aussi une personnalité singulière. Il ne fait pas comme les autres. C’est une force pour l’adaptation.

Il a su récemment (dans son histoire c’est récent) se faire aimer de l’Homme en lui prodiguant un bois facile à pousser et à travailler. Dans le Valais ou le Queyras, la moitié des meubles sont en mélèze (l’autre est en pin cembro dit aussi pin d’Arolle) et le bâti lui-même est en mélèze, car ce bois s’altère très lentement avec les intempéries. Il peut durer des siècles dehors sans pourrir et sans perdre sa solidité.

Autre faculté déployée pour que nous le chérissions : en n’acidifiant pas les sols sous lui, ce qui permet aux éleveurs de faire paître leurs troupeaux sous leur ombrage lumineux, où les bêtes trouvent encore de la belle herbe à brouter. Et en plus il est beau et déploie des parures aux couleurs changeantes, depuis mai où son vert tendre époustouflant ramène la vie depuis le fond des vallées, jusqu’à l’automne, où il recouvre d’ors tous les pans de montagnes.

Le mélèze a ainsi trouvé de nombreux stratagèmes pour que l’Homme soit son allié en le cultivant dans de nombreux secteurs de montagnes. C’est aussi l’allié des montagnes, car il contribue à fixer les sols, à faire rempart contre les avalanches, les chutes de pierres et l’érosion.

 

2) l’arbre de l’élévation

 

En s’élevant le long des pentes les plus raides et les plus hautes, le mélèze nous inspire aussi l’élévation. Comme de nombreux résineux, il pointe droit vers le ciel, et avec ses branches amicales et ses aiguilles douces à caresser, il nous invite à grimper dans son faîte pour nous rapprocher du ciel encore un peu plus.

Sans doute de par ces propriétés et de par sa couleur dorée en automne, il est considéré dans les cosmogonies de nombreux peuples montagnards comme un sacré. Par exemple, en Sibérie orientale, c’est l’axe du monde, qui unit le ciel, la terre et le pays des morts, et il joue un rôle initiatique important.

 

Sources

Histoires d’Arbres – Philippe Domont et Edith Montelle

L’expérience personnelle de l’auteur, en montagne et en menuiserie

 

Le mélèze
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