Tenter de diagnostiquer son lien au vivant

Une grille de lecture en 4 axes

Voici une tentative, sans doute maladroite et incomplète, pour proposer une grille de lecture, un guide, afin de faciliter la cartographie de tout.e un.e chacun.e dans son rapport au vivant.

Cette proposition fait suite aux questionnements que je vous ai partagés dans les deux dernières newsletter : septembre 2023 : “La reconnexion profonde au vivant ne pourra se faire que collectivement” et octobre 2023 : “Comment mesurer son degré de connexion au vivant“.

Elle combine :

  • des lectures très inspirantes,
  • mon expérience sur le sujet depuis plus de six ans au travers des explorations concrètes diversifiées proposées par Entre les Arbres et le Lichen,
  • vos réponses à ces questions (et à ce titre, je vous exprime mon immense gratitude),
  • mes récentes recherches et découvertes, notamment dans le cadre d’une mission très enrichissante menée sur les liens entre humains et autres qu’humains pour l’Office Français de la Biodiversité (OFB)
  • l’approche de la Fresque des Imaginaires, découverte dans le cadre de cette mission pour l’OFB.

Cette grille, là où elle en est (cela peut encore évoluer), se déploie sur 4 axes.

Chacun.e de nous oscille sur ces différents axes. Je préfère faire le pari qu’il n’y a pas quelqu’un qui soit définitivement plus “avancé” sur un axe qu’une autre personne. Le chemin pour se “reconnecter” au vivant (ou s’y connecter toujours plus) est un chemin de toute une vie, individuel, non comparable avec le chemin d’une autre personne.

Si cette grille vous aide à vous situer, et à sentir où mettre votre énergie pour la suite, alors elle aura été utile. Si elle vous sert à vous comparer à d’autres personnes, prenez-la et jetez-la dans la poubelle (tri sélectif, donc dans la poubelle à idées pour ne pas polluer le verre et les emballages, SVP 😉 ).

Je vous demande donc de vous l’approprier et de l’utiliser avec la plus extrême prudence.

 

L’axe de l’ontologie

Le premier axe est celui de l’ontologie, c’est-à-dire de ma conception profonde du monde, de la vie, des autres. Il s’agit de la question : où me situai-je sur un axe continu entre à un bout l’ontologie « naturaliste » et à l’autre l’ontologie « animiste » ?

L’anthropocentrisme / le naturalisme

“Nous avons appris tant de choses sur ces êtres avec qui nous partageons le monde. Nous commençons à comprendre les liens profonds entre les arbres et les humains. Mais notre séparation a poussé plus vite que notre connexion”. Richard Powers, L’Arbre Monde

Portrait robot : dans l’ontologie « naturaliste », je considère qu’il existe une « nature », séparée des humains (tellement à part !!) contenant toutes les autres manifestations d’existence (les vivants, les milieux, les éléments abiotiques, incluant l’eau, les roches, les nuages, les autres corps célestes…), et qu’il convient de connaître mentalement (par le savoir scientifique qui sépare, qui classifie, qui nomme et décortique froidement) pour mieux s’en protéger, s’en servir, en jouir (danger, décor ou ressource, selon les cas, mais toujours alter). Je suis dans le paradigme de l’« anthropocentrisme » dans lequel les autres manifestations biotiques et abiotiques sont instrumentalisées pour satisfaire mes besoins d’humain.

Notre société moderne occidentale hérite de presque cinq siècles construits sur cette ontologie naturaliste. Elle est par essence anthropocentrique.

Le multicentrisme / l’animisme

A l’autre bout de ce premier axe, se trouve l’ontologie « animiste », redynamisée depuis quelques décennies par le mouvement de l’écologie profonde et aussi appelée le multicentrisme (en première approximation, qui fera sans doute hurler les véritables anthropologues).

« Il n’y a pas d’individus. Il n’y a même pas d’espèces séparées. Tout ce qui est dans la forêt est la forêt. La concurrence n’est pas séparable des multiples saveurs de la coopération ». l’Arbre Monde, Richard Powers

Portrait robot : dans ce paradigme, je considère que toutes les formes de manifestation forment une continuité des âmes et que seuls les corps diffèrent. Le sable devant chez moi, la tique sur mon bras, le covid, l’astéroïde géocroiseur qui vient de frôler la Terre, l’amie du voisin de ma belle-mère, la Loire, le moteur de ma voiture, les bactéries de mes intestins, sont tou.te.s des frères et sœurs d’existence et qu’il est important pour moi de les inclure dans ma manière de faire monde à la hauteur de la reconnaissance de ce statut, de cette importance. A tou.te.s, je leurs dis chaque matin : « merci, je te vois, tu es mon frère, ma sœur. ». C’est le « A toutes mes relations » (Mitakuié Oyassin) si cher aux Lakotas. C’est le « je te vois » des Naavi dans Avatar. Et j’incarne cette manière de cohabiter dans tous les aspects de ma vie, quand je mange des frères et sœurs vivants, quand je creuse dans la Terre, quand je tombe malade, quand je démarre mon moteur, quand j’honore un ancêtre, quand je dois faire un choix qui va impacter la septième génération… Je suis dans un état de gratitude, parfois d’imploration, toujours de reconnaissance de l’importance de l’existence de l’autre. Si cet arbre m’a donné ce fruit, j’honore le cadeau qu’il représente.

Dans l’ontologie naturaliste, je vais pouvoir nommer l’espèce et la variété du fruit, expliquer en détails pourquoi il est si gros, mais je ne vais pas voir ce pommier ni cette pomme pour qui ils sont vraiment. Et les sensations (le goût de la pomme) seront considérés comme hors champ de la connaissance, car trop sensibles, trop subjectifs.

 

Le biocentrisme

« Ce monde n’est pas notre monde avec des arbres dedans. C’est un monde d’arbres, où les humains viennent tout juste d’arriver ». l’Arbre Monde, Richard Powers

Entre ces deux extrêmes, certains spécialistes s’accordent à y déposer deux paradigmes intermédiaires, qu’on retrouve bien expliqués dans la Fresque des Imaginaires.

Le premier est le biocentrisme qui reconnait la valeur intrinsèque des autres qu’humains, pour eux-mêmes, pas seulement parce qu’ils pourraient être de précieuses ressources pour nous, les humain.e.s. Selon ce paradigme, tous les êtres vivants ont la même valeur, et cette valeur nous impose de les respecter, tout simplement en tant qu’êtres vivants individués.

 

L’écocentrisme

Un cran plus loin, entre biocentrisme et muticentrisme (ou animisme), l’écocentrisme transcende la notion d’individualité vivante, et propose une approche où on passerait « des » vivants « au » vivant. La protection de la biodiversité s’intéresse surtout à des entités supra-individuelles, comme les espèces ou les écosystèmes, si bien que cela fait du sens pour les tenants de l’écocentrisme de considérer les écosystèmes, ou des sous-parties comme l’ensemble des arbres d’une forêt, ou le sol d’une prairie, ou une rivière, comme des entités à part entière à considérer en tant que telle.

Au bout, donc, on trouvera le multicentrisme, qui est animisme en cela que l’humain ne se considère plus comme en-dehors de la nature, ni de la nature, mais dans un tissage interdépendant avec toutes ses relations, relations auxquelles il accorde une attention constante. La Fresque des Imaginaires, à ce « stade », donne comme vision plus concrète que les humains, dans une alliance avec les non humains, peuvent restaurer l’équilibre des écosystèmes et régénérer le vivant localement.

 

L’axe du mode de vie : « technodépendant » vs. « régénératif »

Le deuxième critère me semble être celui du degré de dépendance à ce qu’Alain Damasio appelle le « technococon », parce que le sauvage (les autres vivants, la maladie, la mort, la vieillesse, les enfants, la pluie, la nuit, les feuilles mortes, le féminin…) représentent pour moi une source soit d’inconfort, soit même d’insécurité. Cette attitude globale est aussi très bien décrite par François Terrasson dans « La peur de la nature ».

 

Le mode de vie “technodépendant”

« Ce but de dix mille ans d’histoire, cette chose que le cerveau humain convoite par-dessus tout et que la nature lui refusera jusqu’à sa mort : la facilité. » l’Arbre Monde, Richard Powers 

A une extrémité de cet axe, se trouve le mode de vie technodépendant, qui peut aussi se nommer biophobique (peur du vivant). Dans ce mode de vie, voici une caricature, à ne pas prendre telle quelle, mais qui est mise ici pour « marquer les esprits » Tout lecteur, toute lectrice s’y reconnaîtra sur au moins un élément, l’auteur également. C’est normal, nous avons toutes et tous été éduqué.e.s pour chérir la technologie et se méfier du vivant. Portrait robot du techno-dépendant : j’ai besoin de garder mon smartphone (forcément dernier cri et potentiellement très cher) toujours allumé avec moi, surtout si je suis dans un milieu insécurisant comme une pelouse ou pire un parc (ou encore pire, une forêt). J’ai de l’anti-venin avec moi dès que je vois une guêpe, je ne peux plus écouter quelqu’un me parler si cette guêpe se rapproche à moins de 3 m de là où nous nous trouvons. Je ne veux pas m’assoir par terre, j’ai peur de me salir ou des petites bêtes. Je ne sais plus m’orienter sans GPS, je ne sais jamais par où je passe quand je vais d’un point A à un point B guidé par ce GPS, je ne porte plus attention à l’espace. Je ne sais pas où se trouve la lune, ni dans quelle phase elle est en ce moment. Je ne sais pas où est le nord. Je prends l’avion pour aller au club Med à l’autre bout du monde deux ou trois fois par an car j’adore l’ambiance conviviale et les activités proposées. Je passe plus de 23 heures par jour en intérieur. Je ne sais pas faire du feu (même avec un briquet), je ne sais pas chasser, ni tanner une peau. Je n’ai jamais campé. La randonnée c’est seulement en été, quand il fait beau, et avec du très bon matériel et l’appli visiorando. Je ne sais pas travailler le bois (d’ailleurs chez moi les meubles sont tous en plastique ou en aggloméré), je ne connais pas les plantes comestibles, j’ai un poivrier électrique pour ne pas avoir à moudre moi-même les grains de poivre, je tonds tous les samedis, parce que la pelouse repousse bien trop vite et c’est sale et dangereux, heureusement, j’ai bitumé plus de 90% de la cour et du jardin de ma maison de 250 m². J’ai traité les deux cerisiers avec deux fois la dose prescrite de glyphosate pour être sûr qu’ils ne vont pas tomber malade. J’ai mis deux fois la dose d’eau de javel dans la piscine pour protéger les enfants des maladies. Je lave ma voiture (le dernier SUV de chez Porsche) deux fois par semaine à l’eau potable. Je me soigne principalement avec la médecine allopathique, et je me méfie des médecines douces, qui semblent tout de même être issues de sectes et des remèdes de charlatans. Si je dois retenir une information, je l’écris dans mon smartphone. Ma sexualité est, comme tous les autres domaines de ma vie, consommatrice, voire prédatrice, pour « compenser » ma déconnexion, dont je n’ai même pas conscience. J’ai peur de la mort, et je ferai tout pour retarder l’échéance fatale de mes proches et de moi-même.

Le mode de vie “régénératif” 

« La seule manière d’être libre, c’est de faire partie du cycle » Kalune, chanteur

« Nous sommes un primate social devenu pisteur omnivore dispersant ». Baptiste Morizot

A l’autre bout, je propose d’appeler le mode de vie « régénératif ». Pourquoi régénératif ? Parce que les cultures dites « premières », c’est-à-dire les cultures pas encore abimées par la déconnexion profonde apportée par la modernité occidentale, sont naturellement situées à cet extrême de l’axe. Pour un occidental moderne (donc pour moi, et pour toi, lecteur.ice), comme nous ne naissons pas à cet endroit, et que notre parcours éducatif a tendance à nous en éloigner encore plus, y revenir constitue alors un immense chemin de guérison, dans l’esprit de la régénération culturelle (et des écosystèmes).

Voici un nouveau portrait-robot du mode de vie régénéré, à prendre aussi comme une caricature qui force le trait : Je suis libéré du technococon. Je peux vivre plusieurs mois en milieu totalement sauvage, sans smartphone, sans rien d’autre qu’un couteau, un hameçon et un immense savoir-faire. Je suis autonome pour m’alimenter en chassant, cueillant, pêchant et cuisinant en pleine forêt, me soigner, m’habiller, construire des liens sociaux sains et nourrissants, me construire un habitat, me repérer dans l’espace, retenir beaucoup d’informations, analyser les indices de présence animale, marcher pendant des semaines sans me fatiguer, détecter les dangers objectifs et m’en protéger (ours, crues, insectes vénéneux, plantes mortelles, etc…). Je n’ai pas peur des autres formes de vie qui, elles, ne sont pas dangereuses, car je les connais. J’ai retrouvé le mode de vie ancestral du chasseur cueilleur, je vis en mode “paléo“.

Personnellement, je ne connais pas plus d’une dizaine de personnes qui vivent plus de la moitié de l’année sur ce mode-là dans mon entourage, c’est vraiment une description de l’extrémité de l’axe. Cheminer sur cet axe induit l’apprentissage d’un large panel de compétences qui prennent du temps à s’acquérir, d’autant plus qu’elles ne nous sont plus du tout enseignées lorsque notre cerveau est en développement (pendant les premiers âges de la vie). Par exemple, pour apprendre à faire sa première braise en utilisant les arts ancestraux du feu, il faut plusieurs jours d’efforts continu à un adulte. Et cela ne garantit pas d’en faire ensuite une flamme qui deviendrait feu durable. La première braise constitue le premier pas d’un long, long chemin de réappropriation de l’art ancestral du feu. Que dire du pistage, de la confection d’un arc et de flèches, et de l’art de les tirer pour tuer sur le coup l’animal que nous chassons ?

Ces deux premiers axes peuvent déjà à eux seuls permettre de se positionner au moins partiellement pour « cartographier » son degré de « connexion » au vivant.

 

Voici quelques exemples d’approches, en lien avec le vivant, et comment elles s’insèrent dans la matrice composée des deux premiers axes. J’y ai évidemment placé les pratiques proposées par Entre les Arbres : sylvothérapie, écologie profonde (qui comprend le perspectivisme pratique tel qu’exploré au Lichen), transition vers le Symbiocène.

 

Comme ces deux axes ne suffisent pas, d’après moi, j’ajoute à cette première matrice deux autres axes.

Ces deux axes sont aussi essentiels que les deux premiers pour identifier le chemin de reconnexion à parcourir. Otto Scharmer (père de la Théorie U) parle d’une triple fracture dans notre civilisation moderne occidentale (et donc mondiale, de fait) : la fracture écologique, certes, mais aussi la fracture sociale (entre moi et les autres) et la fracture spirituelle (entre moi et mon plus grand Soi, mon âme). La reconnexion vise donc à englober tous ces aspects, pas uniquement notre cosmogonie (l’axe ontologique) et nos modes de vie et compétences (l’axe des modes de vie).

 

L’axe du rapport à soi

Ce troisième axe comprend notre rapport au corps (notre première rencontre avec le vivant) et à notre intériorité (nos émotions, nos besoins, nos valeurs, notre identité, notre spiritualité). A quel point suis-je en lien avec mon être profond, avec la couche des compétences, celle des besoins, des émotions, celle des valeurs, des croyances, celle de mon identité, celle de ma mission de vie, et éventuellement avec les étages non incarnés de ma conscience (de mon âme) ? Plus je vais être connecté à toutes ces parties non immédiatement visibles, et pas rigoureusement rationnelles, plus je vais agir de manière juste pour le vivant qui s’exprime à travers l’être que je suis. Et plus, cela tombe bien, je vais aussi me soucier des autres, de tous les autres, y compris les humains non encore incarnés, ou ceux déjà désincarnés, y compris les autres qu’humains, y compris la matière a priori non animée (le minéral, les machines, les astres, les objets, etc…). 

Cet axe, comme les trois autres, est continu. C’est à dire que je peux être partiellement un être rationnel et partiellement un être spirituel. C’est sans doute d’ailleurs le cas pour chacun.e de nous. Les deux polarités extrêmes ne sont que des repères, à voir comme des archétypes (comme pour les autres axes, d’ailleurs).

Etre rationnel 

« Ceux qui ne sont pas éco-anxieux sont éco-dissociés. » Pablo Servigne

A un bout de l’axe, je suis, portrait robot : un être rationnel qui ne se définit que par ses pensées et ses comportements, et je pense que les émotions n’ont pas d’intérêt, au contraire, elles sont nuisibles car elles m’empêchent d’agir avec ma raison. Je prends mes décisions avec des tableurs Excel et je pense qu’il n’y a pas d’âme. Le concept de mission de vie m’est totalement étranger.

Me garder de mon intériorité est une forme de dissociation (au sens large du terme), et souvent synonyme de protection. Ne pas ressentir mes émotions, notamment en lien avec ce que l’humanité, et avec elle le vivant tout entier est en train de vivre, me permet de me réfugier dans l’illusion dans laquelle le grand récit du progrès technologie tente de m’enfermer et selon laquelle ce progrès va tout arranger. Si je commence à ressentir vraiment ce qu’il se passe, je risque de traverser une période fort douloureuse. Je préfère rester coupé et je n’ai évidemment pas conscience de ce mécanisme de distanciation. Pour moi, tout va très bien, je suis au-delà du seuil critique de déconnexion.

 

Etre spirituel 

“La forêt engage une épreuve de soi, une réinterprétation de soi. S’y promener c’est se livrer à de singuliers exercices de soi.” J. P. Pierron

A l’autre bout, toujours en caricaturant par un portrait robot (ce n’est pas le cas de le dire !), je suis en permanence conscient de ce qu’il se passe pour moi, j’ai conscience de mes émotions et je parviens à les accueillir sans jugement, j’ai la capacité à connaître en temps réel ma mission de vie, si tant est que j’en ai vraiment une, finalement, et je sais profondément qui est cette âme qui anime mon corps, ce qu’elle veut vivre à travers ce véhicule, et ce qui la fait vibrer. J’ai une spiritualité que j’assume, peu importe laquelle (dans le premier cas, le rationalisme est une certaine forme de spiritualité, mais elle n’est pas assumée comme telle). Je peux m’inscrire dans un courant religieux ou pas, du moment que je suis libéré de tout dogme.

L’axe du rapport au corps social

Ce quatrième axe comprend notre relation aux autres humains et à la communauté, ou à nos communautés.

La reconnexion avec nos communautés est fondamentale, or la société actuelle, qui est une mégamachine à déconnecter, à séparer, à rendre absent à soi, aux autres et au monde, ne facilite vraiment pas les choses, contrairement aux communautés premières, qui ont justement pour raison d’être de faciliter la connexion de chacun de ses membres au monde, aux autres et à soi-même. Dans ces communautés, il y a notamment des rituels de passage, à tous les ages clés de la vie, pour aider chaque enfant à s’individuer (cf. infra).

Je m’inspire ici à la fois de la philosophie des 8 Shields et de la pensée d’Olivier Frérot sur les valeurs polaires.

 

Individualisme ou communautarisme

Sur cet axe, à une extrémité, se trouve homo économicus classique et avec lui l’individualisme. Portrait robot : je me suis enfermé dans mon technococon (lien conceptuel avec l’axe des modes de vie), je me réfugie dans la consommation, et, coupé de l’essentiel, je compense le vide abyssal ainsi créé par une avidité prédatrice sans nom, par un individualisme voire un égoïsme qui ne semble pas connaître de limites (d’ailleurs même les limites physiques de notre biogéosphère sont les unes après les autres dépassées, déjà six sur neuf limites planétaires explosées). Le souci de la survie même des autres habitants de cette planètes, y compris humains, sans parler des générations à venir n’est pas du tout un sujet de préoccupation pour moi. La société m’a bloqué au stade de l’adolescence, et je n’ai pas su dépasser ce stade tout seul.

Une variante de ce même extrême est la négation totale de mon individualité propre et un refuge trouvé dans une communauté fermée au service de laquelle je me donne complètement mais de laquelle je n’obtiens rien en retour. C’est le cas de certaines communautés religieuses, politiques ou pseudo ethniques qui se referment sur elles-mêmes et qui ne sont pas au service ni du vivant, ni de leurs membres, ni du reste des humains. Elles portent des discours de séparation, de haine, de vengeance, de violence. Elles cherchent à favoriser la déconnexion aussi bien que la mégamachine de la techno-modernité.

 

Individuation

 « Le but de la communauté est de faciliter chez chacun.e la transformation des traumas en dons. » Jean-Claude Catry

 A l’autre bout de ce quatrième axe se trouve un individu adulte en lien bilatéral avec sa ou ses communautés. Portrait robot : j’ai grandi avec le soutien de ma communauté (qui peut être un ensemble de communautés constituant ainsi une plus vaste communauté), ouverte, ce qui m’a permis peu à peu de devenir conscient du don unique que j’ai à offrir au monde (à la communauté humaine et non-humaine où j’habite), à en être fier et à le déployer comme un trésor. Dans ma communauté, le leadership collectif est mis au service du déploiement de mon leadership afin que je puisse en retour offrir mon plus puissant leadership au service de ma communauté. Je me soucis des anciens, je prépare le moment où à mon tour je serai un ancien, j’ai un lien avec les ancêtres et avec les générations à venir et je pense à eux, avec gratitude et considération, à chaque moment important, notamment quand je dois prendre une décision.

 

Conclusion : que faire de ces indications ?

Ces axes sont des indications, et ne doivent en aucun cas devenir un dogme. Ile ne doivent vous servir que si cela vous parle, et que si l’extrémité de l’axe située du côté d’une plus grande connexion au vivant vous fait vibrer. Sinon, ne vous en préoccupez pas. Si vous vous écoutez et respectez ce qui cherche à se vivre déjà à travers vos élans et vos résistances à ce modèle, vous aurez déjà suivi un principe clé de connexion au vivant (cf. troisième axe).

Que faire de tout cela ?

Regardez où vous êtes, sans vous juger. Juste comme une photo à la date d’aujourd’hui, de votre position sur chacun des 4 axes. Et sentez ce que cela vous dit, sentez ce qui compte le plus pour vous à développer. Et en fonction de l’axe que vous souhaitez le plus travailler, voyez quelles approches, quels stages, quelles formations pourraient le plus vous aider à aller vers votre connexion au vivant idéale pour vous.

Exemples de suites possibles pour avancer :

N’hésitez pas à nous contacter pour avoir plus de recommandations ou nous faire part de vos points de vue. D’ici là, plein de belles explorations, connexions, reconnexions…

 

C’est un si beau chemin ! 

Tenter de diagnostiquer son lien au vivant
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