” La lente croissance du végétal, son silence et son rythme nous invitent à nous mettre à son école (…) La lenteur arborée se vit alors comme un îlot de décélération. “
J. P. Pierron

La forêt ou l’éloge de la lenteur

Quoi de plus lent, dans le domaine du vivant, que la croissance d’un arbre ? Le cycle long des saisons et des années transforment imperceptiblement l’écosystème forestier. Les sens humains ne perçoivent pas cette transformation.

Pas directement.

La forêt semble immobile.

Seuls ses habitants du règne animal y évoluent à des vitesses perceptibles. Fourmis, oiseaux, papillons, insectes, rongeurs, cervidés, promeneurs…

Et au milieu de cette activité parfois frénétique, les plantes apparaissent immobiles.

Eternellement figées.

Venir dans la forêt, c’est changer de rythme. Même le bûcheron au travail, même le coureur qui traverse la forêt de sa foulée puissante, rentre dans une autre temporalité.

Car plus que sa vitesse de déplacement, plus que son niveau d’affairement, c’est son rythme intérieur qui change.

C’est le “comment il se perçoit dans son espace” qui devient plus étiré.

La forêt, comme la montagne, favorise le passage dans le kairos, ce temps perçu que les grecs avaient dans leur besace de mots pour distinguer le temps subjectif du temps mesuré, le chronos.

Déconnecter du dehors pour mieux reconnecter au-dedans

Quand je pénètre dans la forêt, les agitations du dehors s’estompent. Même les bruits de la ville, de la vie moderne quotidienne et trépidante, s’estompent.

Les ondes de toutes sortes sont atténuées.

Je reçois moins de sollicitations.

C’est un peu comme si je laissais les entraves invisibles de mes prothèses électroniques se desserrer un peu. Je m’autorise à ne pas lire mes SMS dès que mon portable m’en signale un nouveau. Je m’autorise à ne pas lire mes mails. Encore moins à répondre. Je m’autorise même plus souvent à passer en mode « forêt ».

(dans les interfaces, c’est encore indiqué mode « avion », mais c’est la même fonctionnalité).

Je vais jusqu’à l’éteindre complètement, tout simplement parce qu’il n’y a pas une prise électrique pour le recharger tous les jours.

La forêt facilite la pleine présence

La forêt m’invite à la vivre.

A être.

A être présent, pleinement, ici et maintenant, et à y engager mon corps avec tous mes sens.

Je l’observe, j’écoute, je hume, je goûte, je touche…

Je rentre dans un rythme contemplatif, donc nécessairement lent.

La forêt est un lieu de retraite.

Croissance lente du végétal, sentiment de kairos, coupure avec les sollicitations habituelles, invitation à la contemplation, tout de la forêt m’invite à ralentir.

 

Ralentir, la première étape pour se ressourcer et s’apaiser. Un autre des bienfaits de la forêt…

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Ralentir

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