Mère

Laurent Huguelit

Mère, l’enseignement spirituel de la forêt amazonienne

Préface de Matthieu Ricard

Mama Editions

Laurent Huguelit et sa compagne Angéline exercent le métier de “curanderos” (guérisseurs, ou par abus de langage, chamanes) et vivent en Suisse.

Lors d’une cérémonie de guérison, cette fois-ci pour eux, en Amazonie, Laurent a eu le privilège de dialoguer avec l’esprit de la forêt. “La Madre”. La mère. “Madrecita”, comme il l’appelle. Il s’agit de la mère forêt, la forêt primordiale, qui a engendré toute la vie que nous connaissons. On peut encore y voir la Vie. Ou encore la Pachamama, la Terre-mère, Gaia.

Cette “canalisation” fut particulièrement longue, précise et puissante en termes de vision, d’enseignements sur lui, sur le monde et sur la vie. Et “Mère”, dès les premiers instants, lui a dit “Laurencito, nous allons écrire un livre ensemble. J’ai des choses à dire à mes enfants.” Et Laurent d’écrire : “J’ai tout de suite senti que ce n’était pas négociable (…) Dans un sentiment d’urgence on ne peut plus grisant, ce livre se devait d’être écrit“.

Nous avons plongé dans ce dialogue avec la Mère de 450 pages (et il semblerait que ce ne soit pas fini) avec délectation, révérence, et fascination. Les 450 pages ont été avalées d’une traite.

Et la forêt nous transmet, via Laurent, exactement ce que nous essayons de proposer ici, en plus modeste et en moins théorisé.

La forêt nous dit par exemple que les 5 sens se résument au toucher et que “le coeur est l’organe central du toucher. Au cours du développement de l’embryon dans la matrice, c’est lui le premier à sentir. Une fois que l’architecture du corps a été mise en place, les sens convergent vers lui et l’alimentent en sensations afin qu’il puisse se nourrir de la beauté du monde.

450 pages de sagesse ne peuvent se résumer ici. La forêt, via son porte-parole, nous redit, avec amour infini et avec ses mots, les sagesses des 4 accords Toltèques, de la Bible, du Tao Te King, des enseignements bouddhistes, hindouistes, Lakota… et qui disent tous la même chose : nos coeurs sont purs, mais il sont blessés. Le monde extérieur est le reflet de notre intérieur. Pour en prendre soin, commençons par prendre soin de nos blessures. Et plus nous guérissons nos blessures, moins nous sommes le jouet de l’avidité (prouvé scientifiquement récemment et expliqué dans Le Bug Humain, avec le rôle clé de la dopamine dans notre cerveau) car nous avons moins besoin de combler un vide. Et moins nous sommes le jouet de l’avidité, moins nous détruisons le monde et plus nous nous relions à toutes nos relations, ce fameux Mitakoié Oyasin des amérindiens Lakotas. Plus nous nous reconnectons. A nous, aux autres, à tous les autres, quelle que soit leur espèce, à la Terre, et au sens.

Pendant 450 pages, la forêt nous explique pourquoi c’est important, urgent, vital de guérir nos blessures, et sortir de l’avidité. Sinon, à ce rythme, elle ne sera bientôt plus là, et nous disparaitrons avec elle, car nous continuerons à la violer, à la détruire et à détruire tous ses enfants nos frères et soeurs de l’Arbre monde, le grand arbre de la biodiversité, au nom de l’avidité.

Il n’y a qu’à voir ce qu’il se passe exactement maintenant en Australie, où des milliards de vivants disparaissent dans les flammes.

Et si la nouvelle Bible, c’était “Mère”, et le nouveau prophète, ce Chamane Suisse nommé Laurent Huguelit ?

C’est à s’interroger.

En profondeur.

Avec pour corollaire que la nouvelle entité transcendante à écouter, qu’on appelle Dieu dans certaines religions, ce serait tout simplement la “Mère”.

Il nous semble cependant préférable d’utiliser le mot “écouter” qu’ “adorer”, et indispensable de ne pas retourner à la religion et à ce qui en découle, le dogme.

Restons branchés sur ce canal, ou rebranchons-nous y urgemment. Ce canal, c’est ce que nos sens nous disent, quand nous sortons du brouillard et revenons à l’essentiel. C’est plus facile en forêt, bien sûr, mais la forêt est en nous puisque nous sommes ses enfants.

Mère
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