Comment entrer en dialogue avec les autres qu’humains ?

Enfin prêts à renouer le dialogue

Nous, la plupart des humains, nous habitons notre Terre en séparatistes, dans une intention – et une illusion – de séparation d’avec tous nos autres colocataires, mus par un désir sans fin d’émancipation par l’indépendance. A vouloir s’affranchir de nos liens avec les “autres qu’humains” (les autres formes de vie qui existent dans notre biosphère, au sens très large du terme), nous avons également perdu notre capacité à dialoguer avec eux.

Or, désormais, nous prenons conscience que nous ne pouvons plus continuer à habiter notre Terre comme si tous ces autres n’existaient pas.

 

Des tâtonnements avec de multiples approches

Nous tentons alors parfois (parfois seulement) de les prendre à nouveau en compte dans nos manières d’habiter, de faire société. Nous faisons appel à des experts naturalistes qui nous expliquent qu’il faut déplacer l’autoroute de cent mètres ou installer un crapauduc ici plutôt que là. Nos scientifiques nous démontrent à quel point il est urgent de végétaliser d’avantage nos villes pour limiter les effets des canicules. Des militants font circuler des images de souffrance animale vécu massivement dans nos fermes Matrixiennes. D’autres scientifiques ont démontré la sensibilité du végétal, et même une forme d’intelligence des plantes [1], après avoir enfin fini par reconnaître celle des animaux [2].

Et plus récemment, avec le Parlement de Loire [3], des artistes, des philosophes, des hydrauliciens et des juristes se sont réunis pour imaginer ce que serait une représentation politique de tous les êtres du bassin versant de Loire (ils disent “Loire” plutôt que “La Loire” pour la personnifier).

Nous réapprenons à réintroduire peu à peu dans notre rapport à l’espace, dans notre manières de faire société, la représentation des non-humains. Nous balbutions, nous tâtonnons, nous expérimentons. Les savoir-faire des cultures dites “Premières” nous inspirent [4]. Nous renouons progressivement avec nos racines culturelles d’Europe Occidentale pré-romaines, et redécouvrons une tradition druidique qui a su résister à la traverser des millénaires. Les professionnels de la communication intuitive [5], de la médecine symbolique [6] de l’écopsychologie [7] et de l’écologie profonde nous aident à faire confiance à nos ressentis (aidés parfois par des amplificateurs comme les pendules ou les baguettes coudées) lorsque nous interagissons avec un autre qu’humain, qu’il soit situé juste devant nous ou même à distance. La science commence à chercher, timidement, de ce côté là.

Mais nous avons encore tout à réapprendre. Pour celà, nous pouvons au moins créer des espaces d’expérimentation, entre humains et non-humains, en forêt ou dans d’autres zones d’interface entre eux et nous, et tenter de nouvelles formes de politique et d’interaction.

La sylvothérapie, même si ce n’est pas sa vocation première, participe de cette exploration, et ce sans prétention : elle permet tout simplement de s’autoriser, l’espace de quelques heures, à ralentir pour mieux ressentir, et écouter les éventuels “messages” que la forêt (ou des êtres qui la composent) pourraient parfois nous délivrer, avec nos filtres, nos interprétations, nos croyances. Elle permet aussi parfois, en fonction des invitations proposées, de s’exprimer à un de ces êtres. C’est une forme de communication sans “biofeedback”, c’est à dire sans perception qui nous donneraient la certitude que l’être a reçu le message. Nous ne pourront à ce moment-là que nous fier à notre intuition et faire confiance que quelque-part, le système a “entendu” ce que nous avions à communiquer.

Et nous avons récemment découvert les dernière avancées en phytoneurologie, grâce notamment à la transduction des signaux électriques émis par les plantes sous forme de notes de musiques. Les plantes parviennent à ajuster leurs signaux pour communiquer avec nous, c’est absolument bluffant [8].

 

Un encouragement à expérimenter de nouvelles formes de dialogue, plus larges

Ces différentes tentatives d’entrée en dialogue mettent en évidence plusieurs choses :

1) Il y a un véritable engouement pour tâtonner vers cette rencontre

2) Il y a des résultats, que ce soit via les recherches scientifiques “homologuées” ou à travers les expériences sensibles

3) Ces autres qu’humains ont énormément de choses à nous dire, et nous ferions bien d’enfin les écouter

 

Ces éléments nous encouragent, à notre échelle, dans l’écosystème des partenaires d’Entre les Arbres, à multiplier les tentatives.

 

L’Assemblée de la Forêt, une expérience au carrefour entre sensible et politique

C’est la raison pour laquelle Entre les Arbres a impulsé puis co-organisé L’Assemblée de la Forêt qui aura lieu du 20 au 24 août 2021 dans une forêt de la Loire (42) avec une cinquantaine d’humain.e.s.

C’est aussi dans ce contexte que nous sommes intervenus pour proposer un bain de jardin et une facilitation du Conseil de Tous les Etres [7] lors du Laboratoire des Attachements, organisé par et chez Pascal Ferren, l’impulseur et co-organisateur du Parlement de Loire [3].

C’est d’ailleurs avec le même Pascal Ferren, ainsi que Philippe Garcin, Myriam Ouddou, Olivier Frérot [9], Céline Montéro et Aurélie Brunet que nous organisons l’Assemblée de la Forêt et que nous avons créé pour ces deux occasions (et d’autres à venir) le collectif LICHEN : Laboratoire des Interdépendances Concernant les Humains Et les Non-humains.

 

L'Assemblée de la Forêt et le collectif LICHEN

Notes :

[1] : Cf la newsletter d’Entre les Arbres du mois dernier (juin 2021) sur la sensibilité des arbres.

[2] : Frans de Waal, “Sommes-nous trop bêtes pour comprendre l’intelligence des animaux ?”

[3] : http://polau.org/incubations/les-auditions-du-parlement-de-loire/

[4] : Exemple avec Laurent Huguelit, Mère

[5] : capacité à dialoguer avec d’autres êtres (animaux, végétaux…) en se fiant à ses ressentis. Exemple de professionnel fiable : Alexandre Vasseur, à Lyon, qui propose des formations et des prestations de communication animale.

[6] : méthode d’interprétation de la symbolique mise en lumière par les baguettes coudées, afin d’harmoniser les habitats et les habitants, en lien avec leur corps, leur âme et leur esprit. Les baguettes permettent entre autre de dialoguer avec des lieux. Cela peut aller d’une plante verte à un lac comme le Lac du Bourget. Quelques exemples ici : https://www.medecinesymbolique.com/ressources/videos-2/

[7] : nous en avons longuement parlé par exemple ici : https://entrelesarbres.com/ecopsychologie/ Un des processus du Travail Qui Relie, le Conseil de Tous les Etres, permet notamment de donner la parole à d’autres êtres vivants dans un grand conseil à l’aide d’un processus cadré favorable à ce type de “canalisations intuitives”.

[8] : Exemple dans cette vidéo lors d’une soirée au Grand Rex et ici : https://www.musiquedesplantes.fr/

[9] : de Philométis, avec qui nous co-animons le séminaire Dé[Clic] sur les valeurs émergentes

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