Comment évaluer son degré de connexion au vivant ?

Actuellement, dans le contexte de la conception de la nouvelle formation “Faire grandir sa connexion à la nature dans son quotidien“, je me pose des questions récurrentes sur cette notion de connexion au vivant.

Qu’est-ce que cela veut dire exactement, être connecté au vivant ? Etre déconnecté du vivant ? Sur quels critères peut-on dire de quelqu’un qu’il est déconnecté, moyennement connecté, très connecté ? Est-ce seulement faisable, adapté ? Est-ce même juste de le faire ?

J’entends souvent des personnes, autour de moi, parler d’autres personnes en disant : “non mais elle, elle est super connectée à la nature !!”. De mon côté, j’ai le jugement, plusieurs dizaines de fois par jours (si, si !), à propos de plein d’humain.e.s que je croise, qu’ils ou elles sont particulièrement déconnecté.e.s du vivant. Mais qui suis-je pour en juger ? Je ne suis pas à leur place. Et si je juge sur un seul acte, je risque de cataloguer définitivement la personne dans une case dont elle ne pourra plus jamais sortir !!

quelques exemples :

1) Si je croise quelqu’un en SUV dans un environnement urbain, je vais évidemment avoir un gros jugement de chacal à son encontre.

>> Si cela se trouve, c’est un anthropologue qui a vécu 20 ans avec les Jivaros !

2) Si je vois un agriculteur labourer la terre avec son tracteur, je vais m’effarer : “on laboure encore au XXIème siècle ???”.

>> Mais peut-être que cet agriculteur sait finalement très bien pourquoi, exceptionnellement, il faut labourer ici et maintenant, alors que par ailleurs il respecte scrupuleusement le sol.

3) Si enfin je croise un agent d’entretien avec une souffleuse à feuille, je vais me dire qu’il ferait mieux de se rebeller contre une hiérarchie qui lui impose ce travail de boucher.

>> Mais peut-être que son degré de connexion au vivant se mesure à son envie de prendre soin de ses enfants par son salaire à la fin du mois, et qu’il utilise cet outil la mort dans l’âme.

4) Je vois un conducteur dans une voiture qui démarre son moteur, puis, moteur allumé pendant 5 minutes, à l’arrêt, paramètre son téléphone pour préparer sa navigation avec le GPS. Je vais le juger triplement : il ne sait plus se passer de GPS pour aller d’un point à un autre, il utilise encore une voiture en 2023 et enfin, il a d’abord allumé son moteur avant de faire cette manip (mais à quoi cela lui sert-il, bon sang de bonsoir ??!!).

>> Je vais ensuite me rappeler (la seconde d’après !) que cela m’arrive aussi parfois d’utiliser une voiture encore en 2023 et même aussi d’allumer mon GPS pour me rendre dans un nouvel endroit et que je doive y être avant une heure limite.

Donc pourquoi vouloir mesurer la déconnexion (ou la connexion, à l’inverse) ? Ces exemples montrent que cet exercice est limite limite sur bien des plans.

Cela me taraude suffisamment pour vouloir approfondir car sur le dernier exemple, il y a tout de même une zone où je peux vraiment me dire qu’il y a déconnexion profonde : le fait de démarrer le moteur avant de paramétrer le GPS, est un ordre d’enchainement d’actions que je ne parviens vraiment pas à expliquer de manière sensée, même après coup (une fois l’émotion passée).

Et inversement, lorsque je raconte, dans le début du livre “Se sentir vivant par la sylvothérapie“, comment les Mamus Kogi qui sont venus à Lyon en 2012 restent tellement centrés au coeur même de souterrains sans âmes de la salle de spectacle de la Mutualité, où nous les recevons pour un banquet fait de jus et de cacahuètes de base (même pas bio), je m’appuie sur un jugement positif de puissant degré de connexion. Je peux percevoir une gradation depuis là où j’en suis moi-même, avec mes élans, mes résistances, mes paradoxes, le chemin que j’ai déjà parcouru et l’immense chemin qu’il me reste à accomplir. Si chemin il y a, même si chaque chemin est unique, je me dis qu’il y a un début, marqué par un état plutôt déconnecté, et, non pas une fin (ces chemins n’ont pas de fin), mais un avancement vers de plus en plus de connexion. Donc il y a bien une notion d’ordre, de croissance de la valeur “connexion” au fur et à mesure de l’avancée sur le chemin.

C’est cette “valeur”, qui ne mesure certes pas la valeur intrinsèque d’un individu (j’insiste fortement sur ce point) et qu’il m’intéresse de mesurer.

Pourquoi ? Surtout pas pour dire “toi tu es plus connecté que toi”. Ce serait une dérive énorme, et d’ailleurs la possibilité même de cette dérive me fait me questionner sur le bien fondé de toute cette démarche.

Non, il s’agit surtout de fournir des repères individuels à chacun.e, pour l’aider à naviguer sur ce chemin en développant ce qui semble, pour la personne, le plus important à faire grandir, si tant est qu’elle souhaite effectivement se « reconnecter » à la « nature ». Ce serait comme une carte, pour aller d’un point à un autre, avec le chemin qui apparait plus clairement, en pointillés, entre ces deux points, son chemin à elle.

En effet, je me suis aperçu, au cours de la vie de l’activité Entre les Arbres, que bon nombre de personnes rencontrées (dans mes stages, bains de forêts, ou par ailleurs), me disaient : « Je ne sais même pas par oû commencer. Je sens que je suis déconnecté.e, que j’ai plus besoin de me reconnecter à la nature, mais je suis un peu perdu.e ».

Ce sont les réponses à la dernière newsletter [1] sur le « plafond de verre » de la connexion au vivant, auxquelles s’ajoutent ces questionnements récurrents, ainsi qu’une forme de curiosité intellectuelle, qui me poussent à proposer une sorte de « canevas ». Et si l’exercice est délicat techniquement et éthiquement, j’ai tout de même l’élan d’aller plus loin.

Alors, si vous en avez l’envie vous aussi, j’ai quelques petits sujets de dissert de philo à vous soumettre, et vous pouvez me répondre par mail ou via le formulaire de contact.

  • Qu’est-ce que signifie pour vous être connecté au vivant ?
  • Qu’est-ce qui permet de dire que vous êtes plus ou moins connecté au vivant ?
  • Comment vous rendriez ce questionnement universel, c’est à dire applicable avec les mêmes critères à d’autres humain.e.s ?
  • Quelles limites éthiques identifiez-vous ? Comment en tenir compte et en même temps avancer sur cette question de la mesurabilité du degré de connexion au vivant, dans une intention de fournir des repères afin de faciliter cette reconnexion pour tou.te.s ?

 

Merci par avance pour vos questionnements, vos réponses, vos contributions, vos retours critiques…

 Au plaisir de vous lire.

 

Suite de l’article  >>> “Quelques tentatives de critères pour cartographier son lien au vivant”

 

1) Newsletter de septembre 2023 : La reconnexion profonde au vivant ne pourra se faire que collectivement

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