Premières récoltes de l’Assemblée de la Forêt

Explorer un espace de vie éphémère

entre espèces et en forêt

 

Comment faire société, entre humain.e.s et les autres vivants, au cœur d’une forêt ?

Voilà, c’est fait. Opération réussie !

Du 20 au 24 août 2021, presque 40 humain.e.s (dont 7 enfants) ont exploré comment la forêt agissait sur notre manière d’être ensemble, de faire société, en prenant en compte sa présence, et la voix des autres vivants qui nous entouraient dans les processus de décision.

D’un ensemble disparate d’individus, nous sommes devenus un collectif auto-géré, dans de plus en plus de joie et de fluidité. Ceci s’est fait progressivement grâce à l’intention qui était d’organiser les 4 jours et l’espace de vie en auto-gestion et de porter notre attention sur la prise en compte des avis des autres qu’humains dans notre gouvernance. Nous avons également pris le temps de la réflexivité, pour observer comment la forêt modifiait, ou pas, notre façon de nous organiser, de nous relier, de décider.

4 jours intenses et contrastés

Nous sommes passés par plusieurs phases, toutes assez intenses, et pas toutes agréables, surtout au début, le temps de comprendre que la manière de faciliter la constitution du collectif ne fonctionnait pas comme d’habitude. En forêt , la phase d’inclusion ne se fait pas du tout de la même façon qu’en salle. Idem pour la phase d’organisation (programme, rôles, règles…). Dans ces espaces vivants, une fois les noyaux familiaux en sécurité (correctement installés dans la forêt), les coeurs s’ouvrent plus vite, et le principe de co-responsabilité coule plus naturellement de source. Comme si la forêt aidait chaque individu à grandir, et donc à prendre mieux soin de lui et du collectif. Plus besoin alors d’accords de groupe, de décisions par consentement, avec des objections qui durent des heures et des discussions sur des points de détail qui plombent toute l’énergie et font grossir les émotions de peur et le besoin de contrôle. Il aurait donc fallu faire totalement autrement. Au bout de la première matinée, le groupe était cuit, et n’aspirait plus qu’à une seule chose : que ça commence vraiment ! Que nous allions rejoindre les enfants, qui, eux, avaient tout compris, et étaient dans le jeu et dans la joie, en réelle connexion avec la forêt, collés pour le coup à l’intention de cette expérimentation de 4 jours. Quand je tombe, j’apprends au moins aussi bien que quand je réussis. Apprentissage, donc !

Alors ensuite, peu à peu, le groupe a trouvé ses marques, le cercle FACILITATION a lâché une bonne part du contrôle, et l’auto-gestion a pu réellement commencer. Très rapidement, une équipe cuisine s’est mise en place et a décidé où installer l’espace repas, en accord avec les autres vivants de ce lieu, notamment un gros tas de bois qui voulait qu’on le laisse en paix, et un grand hêtre à 9 troncs qui s’est avéré très accueillant, à condition qu’on ne suspende rien sur lui. Nous avons ensuite collectivement honoré cet “arbre roi” pour ce qu’il nous offrait, sur l’invitation de l’équipe cuisine.

La suite est une succession de temps en plénière (encore parfois un peu longs), d’ateliers du sensible pour explorer des méthodes de connexion avec les autres vivants, et de temps off (pas assez au goût de la plupart).

Comblés sur la forme comme sur le fond

Au final, nous avons été comblés déjà sur le fond. Le cercle MEMOIRE, chargé de récolter les résultats de cette exploration, est reparti chargé de cadeaux. Le raffinage risque de prendre du temps, mais ça sent la publication à plein nez. Pas moins d’une quinzaine de méthodes différentes ont été vécues pour tenter d’entendre la voix des autres vivants du lieu. Quelques exemples : les constellations systémiques, l’écopsychologie, des approches énergétiques, l’utilsation de baguettes coudées, l’intuition simple, la sylvothérapie (évidemment !!), la pleine conscience, etc… Nous avons aussi pu voir ce que nous n’avions pas encore réussi à faire, notamment prendre vraiment en compte les voix des autres vivants dans nos décisions en plénière ou dans les cercles. Nous restons au niveau maternelle concernant ces aspects là, avec des réflexes qui sont loin d’être acquis. C’est un résultat en soi.

Sur la forme, l’intention de fond, consistant à porter toute notre attention sur l’inclusion des vivants dans notre assemblée, a permi une ouverture atypique des coeurs. Et lors du cercle final, les partages ont fait couler beaucoup de larmes d’émotion. Quelques exemples : “C’étaient les plus belles vacances de ma vie”. “J’avais fini par désespérer de l’humain, et là, je repars pleine d’espoirs et d’amour, merci de créer de tels espaces”, “c’est tellement précieux ce que vous faites, surtout en ce moment”, “j’étais venue me réconcilier avec les autres vivants, et au final, c’est avant tout avec l’humain que je me suis réconciliée !”, “je repars chargé à bloc alors que quand je suis arrivé, j’étais au bout du rouleau”…

La paix entre nous est systémiquement liée à la paix avec les autres espèces

Alors en première synthèse, ce qui s’est déjà confirmé c’est qu’il est bien plus facile de créer un collectif fonctionnel, auto-géré, en véritable intelligence collective, dans l’authenticité et la co-responsabilité et la fluidité lorsque nous sommes entourés d’autres vivants. L’explication vient sans doute de la systémie : actuellement, les humains ont du mal à fonctionner avec fluidité entre eux car quelque-chose est rompu avec le système global (la biosphère). Comment correctement inclure des humains dans un collectif si d’emblée, ontologiquement, nous n’incluons pas les autres êtres de ce système ? Tant que nous serons en guerre contre toutes les autres espèces, nous ne pourrons pas vivre en paix entre nous. Dans cette Assemblée de la Forêt, nous avons modestement tenté de commencer à inverser, sans doute encore très maladroitement, cette proposition, dans un élan de réinclure nos voisins autres qu’humains dans notre manière de faire société. Les résultats ont immédiatement porté.

De quoi s’encourager à écrire une suite, ce que le collectif LICHEN, qui a porté cet évènement (ainsi que le Laboratoire des Attachements, en mai), va s’atteler à essayer, avec des moyens qui restent eux aussi à prospecter.

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