La forêt, un catalyseur de transitions individuelles et collectives

Quel rapport peut bien exister entre les mécanismes du changement et la forêt ?

En réalité, la forêt est un espace privilégié pour accompagner le changement, à toutes les étapes du processus.

Que peut bien apporter la forêt pour aider à « faire changer » ? Que ce soit nous-mêmes, à titre individuels ou les collectifs que nous amenons ?

Le vide permis par la déconnexion des sollicitations du quotidien

Tout changement, et même plus profondément toute transition, commence par une fin[1]. Tout comme un camion ne peut pas tourner sur une route trop étroite, le nouveau ne peut advenir que si de l’espace lui est cédé.

Or cela tombe bien. Lorsque vous entrez en forêt, vous laissez de côté vos soucis du quotidien, le trop plein des sur-sollicitations du numérique. Par la stimulation sensorielle omniprésente et permanente qui vous assaille, vous retrouvez assez vite un état de présence, l’agitation du mental laisse la place à une pleine attention à ce qui est. De cet état de présence, nait un calme intérieur. La forêt vous a « vidé la tête ».

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Depuis ce vide, peut émerger enfin ce qui attendait en vous – ou ce qui était en gestation dans le collectif, selon qu’il s’agit d’un changement individuel ou collectif. Emerge comme le début d’un appel individuel ou collectif, qui n’avait peut-être jusqu’ici jamais été entendu, du fait d’un brouhaha permanent.

Vous pouvez découvrir cet appel, cet élan qui montre enfin timidement le bout de son nez. A ce stade, vous pouvez en prendre enfin acte. C’est l’étape de pré-contemplation. Vous entendez, peut-être pour la première fois, un signal qui dit : « une nouvelle direction est envisageable ». Mais à ce stade, vous ne vous sentez pas encore forcément totalement concerné. Continuons notre exploration forestière.

=> En savoir plus sur l’Appel intérieur

Un retour à l’essentiel au service d’un sens retrouvé

A ce stade, le mental est encore assez fort pour déjouer voire renier cet appel au changement. Vous trouveriez, si vous n’étiez pas en forêt, mille et une bonnes raisons de le ranger dans la boîte d’où il a surgi. « C’est un rêve puéril », « Ce n’est pas raisonnable », « Je risque de blesser des personnes », « Je ne veux pas faire de vagues », « Je me sentirais coupable de prendre trop de place », « J’ai bien trop à perdre », « Plus tard », « Je ne mérite pas », »je n’y arriverai jamais », etc.

 La mauvaise nouvelle pour ces parts de vous qui résistent – et la bonne nouvelle pour votre essence – c’est qu’en forêt, vous êtes plus en contact avec l’essentiel. Le superflu du confort du quotidien cède la place aux super flux du vivant qui vous traversent. Cet appel à changer résonne avec un fort besoin de sens – et y répond, jusqu’au plus profond de votre être. Ici, en forêt, vous pouvez sentir que ce qui est juste, c’est justement de suivre cet appel et que les mille et une bonnes raisons ne deviennent plus que ce qu’elles ont toujours été : des petites voix qui vous tirent désormais en arrière. Vous sentez qu’à partir de maintenant, la seule voix à écouter, c’est celle qui vient de tout au fond. C’est là que réside le sens.

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Ce sens retrouvé vous offre un regain d’énergie. Vous voilà motivé pour changer ! Vous avez passé l’étape des résistances très facilement, alors que cette étape, aussi appelée l’étape de contemplation dans le modèle de Proschaska Di Clemente[2], est habituellement la plus longue et la plus délicate du processus. Etre motivé, c’est une des deux conditions nécessaires au changement. L’autre étant la confiance, et nous allons y venir juste après.

A titre collectif, c’est la même chose. L’équipe vit exactement les mêmes processus : la nouvelle raison d‘être se matérialise, devient comme une évidence. Les peurs des uns sont nommées, entendues par les autres, transmutées en points de vigilance à soigner précieusement. Le collectif s’empare à bras le corps, et cependant en douceur, de la nouvelle direction que la forêt-boussole lui a permis de détecter. La motivation collective est là, soutenue par ce que la forêt a permis de révéler. 

Un changement de regard sur le monde pour trouver l’inspiration

L’envie de changer est là, mais comment faire ? Il s’agit de se préparer. Là encore, la forêt va aider. Elle va offrir l’inspiration par le fourmillement de manières d’être au monde que l’évolution a produit depuis des milliards d’année. Une telle inventivité peut donner les clés de toute situation bloquée. Voir l’oisillon prendre son premier envol, voir un gland sortir ses deux cotylédons (les premières feuilles), sentir comment les arbres ou les abeilles collaborent… tout est écrit dans le grand livre du vivant. La forêt, qui en est un extrait assez volumineux, nous aide ainsi à trouver les ressources, le courage, les idées pour passer à l’action, que ce soit individuellement ou collectivement. Parfois aussi, la forêt nous rappelle aussi certaines valeurs qui peuvent nous aider comme l’harmonie, la beauté, la résilience… [3]

=> En savoir plus sur l’inspiration qu’offre la forêt

Un miroir valorisant pour prendre confiance en soi au moment de passer à l’action

Mais passer à l’action peut parfois demander encore un peu plus de courage, ou de confiance. L’inspiration est nécessaire et peut ne pas suffire. L’effet miroir valorisant de la forêt vient alors à la rescousse et permet de se rappeler de ses qualités intrinsèques, de ses dons. A partir de cette reconnexion à cette lumineuse partie de nous, nous pouvons définitivement franchir le pas en confiance.

Là encore, cet effet miroir peut être vécu collectivement : une organisation ou une équipe peut, par une interaction bien guidée avec la forêt, se voir révéler certaines de ses forces et reprendre confiance en profondeur.

=> En savoir plus sur l’effet miroir, bénéfice forestier au coeur de la pratique d’Entre les Arbres

Du ressourcement pour trouver l’énergie de persévérer

Passer à l’action ne suffit souvent pas. L’étape suivante est cruciale : il s’agit du maintien. Les retours en arrières sont possibles, les découragements aussi. Aussi bien pour les transitions personnelles que pour les changements collectifs. La persévérance est de mise, et pour cela, la forêt peut aider simplement : elle recharge en profondeur les quatre quadrants de l’énergie : l’énergie physique, l’énergie mentale, l’énergie émotionnelle et l’énergie spirituelle. J’en parle plus en profondeur dans l’ouvrage à paraître ce printemps chez IDEO Editions « Se sentir vivant par la sylvothérapie ».

=> En savoir plus sur le bienfait “Se ressourcer”

Epilogue

Désormais, l’accomplissement est réalisé. Le changement est derrière. Un nouvel état est atteint. Sans la forêt, vous auriez sans doute fini par atteindre tout de même ce nouvel état. Mais l’ensemble du processus aurait pris bien plus de temps. La forêt est un magnifique catalyseur de changement.

Dans l’urgence de notre temps, où la métamorphose globale de notre civilisation et des conditions mêmes du vivant nous pousse chaque jour un peu plus dans nos retranchements, nous sommant de nous réaligner avec les appels de nos plus profonds tiroirs, pouvoir accélérer nos transitions individuelles et collectives n’est pas un luxe.

Une raison de plus de considérer nos forêts autrement. Et si le premier changement, c’était de considérer que la forêt n’était pas un juste un décor, mais le meilleur coach qui puisse exister ?

 

[1] : William Birdges : Transitions de Vie, InterEditions

[2] : Le modèle dit « trans-théorique » proposé par les psychologues Prochaska et DiClemente dans les années 80 est une grille d’analyse qui a fait ses preuves. Développé initialement dans le domaine de la prévention en santé (tabacologie), ce modèle est de plus en plus utilisé par les acteurs de l’écologie, suite aux travaux de Séverine Millet (http://www.nature-humaine.fr ), notamment dans les formations Changement Vivant.

[3] : parfois, pour des changements collectifs majeurs comme peut l’être la Transition, qui concerne pour le coup l’ensemble du collectif Humanité, la montagne peut venir à la rescousse en nous aidant à voir la Transition comme un immense Everest à réaliser tous ensemble. La solidarité, le courage, etc… sont autant de valeurs développées par l’alpinisme. Pour en découvrir plus : http://sommetspourleclimat.org

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