Connexion au vivant et prise de décision

Durant la troisième édition de l’Assemblée de la Forêt, qui a eu lieu en mai dernier, une nouvelle piste d’exploration, inattendue, s’est révélée. Celle du lien entre connexion au vivant et prise de décision vu sous l’angle psychologique.

L’Assemblée de la Forêt est un évènement annuel organisé par le Lichen avec le public, pour explorer pendant 4 jours comment faire société à plusieurs dizaines d’humains, en pleine forêt, en prenant en compte les points de vue des autres qu’humains de cet espace sylvestre.

Au Lichen, nous avions depuis longtemps établi un lien entre connexion au vivant et prise de décision, par l’entrée politique : si je me reconnecte au vivant, j’ai plus conscience de sa réalité, de sa vie propre, et donc, je fais d’autres choix de vie, en vue de mieux le respecter dans ses élans vitaux propres. C’est même ce qui a conduit à la création du Lichen afin d’explorer plus finement comment se connecter aux vivants, « écouter » (d’une manière ou d’une autre) ce qu’ils ont à nous dire par rapport à nos décisions communes et individuelles, afin de prendre en compte ces « informations », cette connaissance sensible, dans nos choix de vie. Par exemple, si je réaménage un parc urbain, que souhaitent les oiseaux du Parc, le sol, l’eau, les arbres, les enfants… ?

Ce qui est apparu d’assez nouveau durant cette Assemblée de la Forêt 2023 fut un autre chemin, tout autre, plus intérieur.

Plusieurs des personnes présentes ont témoigné qu’après avoir vécu cette assemblée, ou certains ateliers de l’assemblée, durant lesquels nous explorions une façon spécifique de nous relier aux autres qu’humains, elles se sentaient dans un état de connexion profonde aussi à elles-mêmes, dans ce que les thérapeutes appelleraient le « self ». « Je me sens plus calme, plus ouverte du cœur, plus dans l’amour de moi, des autres, de la vie, du monde, des non-humains… ». « Je me sens en sécurité, dans la paix de l’âme ». « Cet atelier m’a apaisé, et j’ai plus d’attention aux autres ». En neurosciences, et sous réserve de le mesurer plus précisément, les termes employés seraient « Je me sens à nouveau régulé.e, dans le ventral, mon système parasympathique est activé ». Sur le plan hormonal, on peut parier qu’il y a eu augmentation du taux d’ocytocine et d’endorphine, et une baisse du taux de cortisol (démontré par de nombreuses études sur les effets de la forêt et des bains de forêt sur le système nerveux).

A la question : « depuis cet état que vous ressentez maintenant, si vous aviez un choix important à faire, qui ait des impacts différents sur les vivants en fonction de la décision, est-ce que ce serait différent ? » toutes ont répondu « oui », car soit « je me sentirais plus en paix avec la décision » (donc le processus du choix serait vécu différemment), soit « je prendrais peut-être une autre décision, car moins conduite par mes peurs, et plus par le cœur. ». Dans le cas d’un réaménagement de parc, cela pourrait conduire à décider de tondre moins, car la peur des remontées d’usagers mécontents serait contrebalancée par un état de sécurité intérieure.

Donc c’est comme si la connexion au vivant apportait deux éléments essentiels pour modifier la causalité de nos agissements dans le monde : évidemment, le fait de reprendre conscience – par l’expérience sensible – de l’importance des autres vivants conduit déjà à adopter des choix de vie qui peu à peu prennent plus soin du vivant. Mais de surcroît, le fait de vivre cet état intérieur offert par une connexion profonde au vivant permet de décider depuis le cœur et non depuis les peurs, qui sont dans la tête, siège de l’égo. Les décisions sont donc prises en conscience (de l’importance de prendre soin des autres vivants) et en confiance (que c’est aussi la bonne décision pour soi car c’est une décision prise depuis un endroit d’amour).

Il y a donc un double enjeu, et un double bénéfice, à se créer individuellement, et collectivement, des espaces de connexion profonde au vivant. Ils offrent la possibilité de vivre ce sentiment de reliance au vivant qui définit la biophilie, cf notre newsletter de février 2023). Ils permettent également de vivre des moments de co-régulation avec la forêt, et avec les autres humains, afin de revenir à son plus grand Soi, au cœur, à l’amour. Le monde actuel, en phase de destruction exponentielle du fait de cette déconnexion profonde (la technophilie est l’inverse de la biophilie) et du fait du mal être de chacun.e (décisions gouvernées par nos peurs) en a terriblement, profondément besoin. Le fait que la reconnexion au vivant soit toujours possible, et produise en quelques heures autant d’effets, est une formidable source d’espérance.

Et vous, quels espaces créez-vous dans vos emplois du temps personnels, familiaux, professionnels… pour entretenir ou raviver la connexion au vivant ?

Qu’est-ce que vous pourriez mettre en place pour augmenter cela en durée, en nombre de personnes bénéficiaires ou en profondeur de la connexion ? A qui pouvez-vous proposer de vivre conjointement ces moments précieux ? Quelles méthodes utilisez-vous ? Quelles autres méthodes aimeriez-vous découvrir ?

Imaginez…

Imaginez votre vie si…

Imaginez votre vie si vous aviez mis en place plus de moments de connexion profonde avec le vivant dans vos semaines ?

Imaginez alors votre vie. Imaginez quels choix vous feriez, et depuis quels endroits intérieurs.

Imaginez ce que vous ressentiriez. Imaginez ce que cela rendrait possible…

 

 

Vivre un bain de forêt pour soi

Vivre un bain de forêt pour une équipe

Connexion au vivant et prise de décision
Retour en haut