La réciprocité dans notre lien à la forêt : comment prendre aussi soin d’elle ?

La forêt nous donne inconditionnellement. Ce recueil d’articles sur les bienfaits de la forêt, ainsi que le livre “Se sentir Vivant par la sylvothérapie” passent en revue de manière approfondie tout ce que la forêt nous apporte, sur les plans physiques, intellectuels, émotionnels et spirituels. C’est une source infinie de vie.

Infinie ?

Pas si sûr.

Et nous, que lui offrons-nous en échange ?

Et comment se porte-t-elle ?

Un état sanitaire anxiogène

En cette rentrée 2022, après l’été que nous venons de (sur)vivre, la tendance n’a jamais été autant à l’éco-anxiété.

Après la vague de chaleur, d’incendies et de sécheresse qui sévit depuis mai (oui, depuis mai, les prés sont jaunes !!), tout autour de nous, nous compris, s’expriment fort les émotions liées à l’état de nos forêts. Solastalgie, terrafurie, éco-anxiété, énorme tristesse, sentiment de malaise en forêt, tout le spectre de ce que Glenn Albrecht qualifie d’émotions terraphtoriques (émotions difficiles liées à la destruction du vivant) dans “Les Emotions de la Terre” se déplie largement, dans toutes ses nuances de très gris.

Par exemple, à la fédération de sylvothérapie, En Chemin Vers, les guides sont très majoritairement très affectés, et nous allons devoir prendre soin de cet état, qui nous met en zone d’impuissance, en vivant bientôt une spirale de Travail Qui Relie, afin de retrouver du sens, de la motivation, et notre zone de capacité d’action juste.

Coupes rases croissantes, incendies, arbres desséchés sur place par la sécheresse (les 6 sécheresses depuis 2015, plus exactement), ou par les maladies qui en ont émergé, mikados géants dans les forêts à cause des tempêtes en hiver, champs de résineux plantés en rang d’oignon (scandaleusement comptabilisés comme forêts dans les recensements), quads, trials et 4×4 qui défoncent les sols et le silence indispensable de la forêt, déchets éparpillés partout… la forêt française ne s’est jamais aussi mal portée depuis plus de 50 ans. Elle est en grave danger, et les prévisions du GIEC ne permettent aucun optimisme.

Cela vous parle ? Vous aussi, vous êtes abattus par l’état de nos forêts ? Lorsque vous étiez en forêt cet été et que la couleur dominante était le rouge-gris marronnasse dégueulasse, vous aussi, vous en reveniez écoeurés ?

Comment faire, alors ?

Vous vous demandez comment aider la forêt, comment faire pour limiter ou même empécher sa destruction ?

Nous pouvons d’ores et déjà vous partager quelques éléments de réflexion qui donnent de l’espoir.

Concernant l’industrialisation de nos forêts, des alternatives magnifiques existent depuis… plus d’un siècle en Suisse, comme le montre cette récente vidéo de “Partager C’est Sympa”, et depuis des décennies en France, avec, entre autre, le GFSFM (Groupement Forestier pour les Feuillus du Morvan). Le RAF (Réseau pour les Alternatives Forestières) regroupe toutes les actions de ce genre et lance cette années Forêts en Vie, un Fond de Dotation à échelle nationale pour sanctuariser des forêts en les rachetant et en les jardinant dans le respect du vivant et des principes du Symbiocène, le tout en permettant, comme le GFSFM, que cela soit viable économiquement, sur le – attention gros mot – long terme.

Donc les actions possibles sont nombreuses de ce côté-là. Nous les classons de manière simplificatrice dans les trois grandes familles d’action de l’écopsychologie (visitées durant le Travail Qui Relie) :

  • Dans la catégorie s’interposer : signer des pétitions pour empécher de nouvelles coupes rases désastreuses, participer à des actions d’interposition sur des chantiers qui vont contre le vivant.
  • Dans la catégorie construire : soutenir le RAF et le GFSFM et les initiatives de ce genre qui se montent près de chez vous, soit financièrement, soit en leur donnant des coups de main.
  • Dans la catégorie régénérer : soutenir Forêt en Vie, et surtout, militer localement auprès de vos élu.e.s, technicien.ne.s des collectivités locales et propriétaires forestiers que le plus urgent est de ne rien faire, comme nous le redit si brillamment Baptiste Morizot dans “Raviver les braises du vivant“. Laisser le plus possible d’ilôts où le vivant se régénèrer tout seul, et va ensuite pouvoir essaimer sa vitalité dans l’archipel. Cela s’appelle des zones de libre évolution. Ca dérange autant les extractivistes que les naturalistes interventionnistes, qui se retrouvent sous la même bannière du paradigme qui a fait long… feu, le paradigme de l’ “improvement”. Il en parle en détails dans cet ouvrage magnifique. En gros, c’est l’immense croyance, hérité de notre longue histoire de divorce vis à vis du reste du vivant, qui dirait que “sans l’homme, c’est le bordel” et qu’il faut donc intervenir pour aider la “nature” (vous savez, ce termes veut dire, pour les modernes, tout ce qui est vivant) à se “réparer”, comme s’il savait mieux que les vivants issus de 3,8 milliards d’années d’évolution, ce qu’il convenait de faire.

Concernant le dépérissement des forêts, comme il est directement lié à l’augmentation des maladies, ravageurs et évènements météorologiques extrêmes, eux-mêmes provoqués par un chaos climatique qui s’emballe bien plus vite que prévu, il convient de limiter toujours plus fort et plus rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. Et donc, pour de vrai, manger [beaucoup] moins de viande, limiter drastiquement nos déplacements en véhicules à énergie thermique ou électrique, réduire considérablement nos achats de produits neufs, isoler très efficacement nos logements, retirer notre argent de nos banques (selon les banques, on est autour de 0,4 à 0,9 kg de CO2/an/€ d’épargne, ce qui va donc très vite), arrêter les vidéos et la musique en streaming. Et si vous hésitez, s’il y a des résistances à accentuer ce genre de changements chez vous, rappelez-vous pour quoi et pour qui vous les faites.

Vous les faites pour les vivants d’aujourd’hui et de demain, pour les forêts et pour vous, car vous rêvez de pouvoir retourner en été en forêt et voir la couleur verte, qui fait tant de bien à votre cerveau, votre corps, votre coeur et votre âme.

Vous le faites pour vos enfants, et pour vous demain, pour qu’il reste encore, ici et là, quelques bosquets.

Vous le faites pour vous, maintenant, parce que cela a du sens, parce que c’est la mission de l’humain, de l’être de la forêt que vous êtes.

Bibliographie pour approfondir

Bon Pote “Tout comprendre (ou presque) sur le climat”

https://www.alternativesforestieres.org/-foret-france-

 

La réciprocité dans notre lien à la forêt : comment prendre aussi soin d’elle ?
Retour en haut