Kogis, le Chemin des Pierres qui parlent

Eric Julien

Kogis, le Chemin des Pierres qui parlent

dialogues entre chamans et scientifiques

@Actes Sud (Voix de la Terre), 2022

« C’est l’eau que nous buvons qui nous donne notre pensée, à savoir notre capacité à nous relier à notre territoire. » Saga Narcisa, femme Kogi

« Engager un dialogue avec les sociétés « autochtones », dont font partie les Kogis, les Arhuacos et tant d’autres, ce n’est donc pas juste rencontrer des « autres », c’est retrouver les voies de la réconciliation avec une partie de nous-mêmes que nous avons perdue. C’est « rentrer à la maison » et retrouver l’unité du vivant en nous et autour de nous. » Éric Julien

Eric Julien oeuvre depuis plus de vingt ans à faire connaître la sagesse quadrimillénaire des Kogi, Indiens de la Sierra Nevada de Santa Marta (Colombie) auprès du grand public, des entreprises, des élus… Leurs connaissances et leur rapport au vivant sont de très précieux enseignements pour nous, qui peuvent nous aider très concrètement à changer de logiciel, à savoir, changer notre rapport délétère au vivant, qui nous conduit droit dans le mur de l’extinction de ce vivant, et de nous avec. Avec son association Tchendukua, il contribue, avec nos dons, au rachat de terres défoncées par les pratiques locales (guerres, agriculture intensive, lutte contre la culture de coca…) dans la Sierra. Des terres qui appartenaient à leurs ancètres, et qu’ils récupèrent peu à peu. Et au fur et à mesure qu’ils les récupèrent, ils les régénèrent véritablement, grâce à ces connaissances parfois mystérieuses qu’ils entretiennent avec le vivant. Ils sont notamment capable de “rappeler” l’eau, qui s’était “enfuie” suite à l’épandage par avion de glyphosates, détruisant toute vie sur des milliers d’hectares, dans le cadre d’opérations anti-drogue.

En 2018, trois autorités spirituelles du peuple Kogi (deux hommes Mama et une femme Saga) sont invitées par Eric Julien à venir croiser leur regard, leurs connaissances, leur rapport au monde, avec une trentaine de scientifiques occidentaux (et un homme médecine nord-améridien) dans le cadre d’un diagnostic territorial porté sur le Haut-Diois.

Les convergences entre les approches sont troublantes, chaque “partie” aboutissant au même constat par un chemin radicalement différent. L’approche systémique des Kogi est passionnante, fascinante. Pour eux, le territoire est un corps vivant, avec des méridiens, des points d’acupuncture, sur lesquels rétablir des équilibres perdus en y faisant des rituels précis. Les “arbres égoïstes” (les pins noirs d’Autriche), qu’ils ne connaissaient pas, ont immédiatement été qualifiés comme tels car ils n’avaient pas leur place dans cet écosystème et participaient à le déséquilibrer fortement. Les sources enfermées par des clôtures les ont choqués au plus haut point, car si l’eau est accaparée, les animaux ne peuvent plus venir la boire, et ils doivent partir ou mourir, ce qui ferait alors mourir tout le territoire. Ils se demandent même comment nous pouvons faire cela. Les roches jouent un rôle très important dans leur rapport au territoire, et ils cartographient non pas ce que nous pouvons percevoir avec nos sens classiques (surtout la vue), mais ce qu’ils ressentent autour de ces roches : le rôle qu’elles jouent, les liens énergétiques entre les différentes montagnes, etc…

Tout dans ce livre est fascinant, et selon nous, tout aménageur qui ne voudrait plus faire de l’aménagement mais du ménagement du territoire, devrait le lire, pour s’inspirer de manières bien plus vivantes de faire territoire avec toutes les parties prenantes : les humains qui l’habitent, les forêts, les roches, les animaux, les plantes, les rivières, les générations futures, les ancètres, etc…

Entre les Arbres propose exactement ce genre d’approche avec la facilitation territoriale et est donc heureux de constater que des passerelles se tissent ainsi, grâce à des passeurs comme Frederika Van Ingen (101 Façons de se reconnecter à la nature), Eric Julien, Baptiste Morizot, Joanna Macy et tant d’autres.

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